Collage de Hauteville House

Photocollage composé à Jersey entre 1853 et mai 1855 (cf lettre de Mme Hugo du 22 mai 1855) puis exposé dans la montée d'escalier à Hauteville House à Guernesey. Le tout dans une boîte hermétique.Tableau-souvenir familial et intime, assez sombre dans sa forme et son contenu, évoquant Victor Hugo et ses proches exilés à Jersey entre août 1852 et octobre 1855.Il est constitué 11 photographies originales sur papier salé réalisées par Charles Hugo et Auguste Vacquerie dans la serre de Marine Terrace (maison de la famille Hugo) à Jersey, dessins et inscriptions sur papier aquarellé et encré par Charles Hugo. le tout contrecollé sur toile. L'ensemble forme comme un ostensoir avec au centre le portrait de Victor Hugo sur le rocher des Proscrits. Tous les portraits sont orientés vers la photographie du poète au centre. On peut y voir aussi une composition en forme de croix avec le poète en haut et au centre, ses fils sur les côtés et Marine Terrace en dessous.Les 11 photographies (portraits et Marine Terrace) sont enluminés et entourées de décors différents pour chacune d'elle.En partant du centre puis dans le sens des aiguilles d'une montre :1- Portrait de Victor Hugo sur le rocher des Proscrits, réalisé par Charles Hugo, au centre du collage.Le poète est assis au sommet d'un rocher, regardant vers le lointain; sous l'image, cartouche contenant l'inscription JERSEY qui donne son titre à l'ensemble. Dessous on distingue des clefs qui forment le mot EXIL, relié à la photographie de Marine Terrace (maison de la famille Hugo à Jersey). Ce portait est entouré d'un cadre peint en trompe-l'oeil, d'enluminures et de décors mordorés baroques, torsades, figures anthropomorphes et animales sur fond bleu foncé.2-Portrait de Victor Hugo de face à mi-corps, adossé au rocher des Proscrits, par Charles Hugo avec légende VICTOR HUGO 1853 appliqué sur le négatif à l'aide de papiers découpés, à la façon d'un pochoir. Dessous à l'encre on reconnît le monogramme EGO HVGO aux lettres entrelacées. De chaque côté du portrait sont inscrites les oeuvres du poète : -A gauche ses pièces de théâtre : "CROMWELL/ HERNANI/ MARION/ DELORME/ LE ROI S'AMVSE/ LUCRECE BORGIA/ MARIE TVDOR, ANGELO/RVY BLAS/ LES BURGRAVES/ LES CHATIMENTS/ DISCOURS/ AUX/ASSEMBLEES")-A droite ses romans et recueils poétiques : "ODES ET BALLADES/ LES ORIENTALES/ FEVILLES D'AUTOMNE/ CHANTS DV CREPVSCVLE/ VOIX INTERIEURES/ RAYONS ET OMBRES/ CONTEMPLATIONS/ LE RHIN/ HAN D'ISLANDE/ BVG-JARGAL/ NOTRE-DAME DE/ PARIS/ CLAUDE GUEUX" et en dessous : "NAPOLEON/ LE PETIT/ DISCOURS DE/ L'EXIL"3-Portrait de Madame Adèle Hugo, vêtue d'un sorte de toge blanche, lisant Châtiments devant la serre de Marine Terrace, par Auguste Vacquerie, 1853-1855. La photographie est entourée d'un dessin représentant un temple grec ou mausolée recouvert de motifs végétaux et floraux, lierre et roses grimpants.4-Portrait de François-Victor Hugo, fils cadet du poète, debout devant la serre de Marine Terrace, par Auguste Vacquerie,1853-1855Portrait enfermé dans un décor géométrique à motifs achitecturaux à rapprocher de celui réalisé par Charles dans l'Album Allix, (PH2777 folio ). De chaque côté à l'encre dorée se détachant sur le fond sombre, les mots EXIL et PRISON que l'on retrouve inversés autour de la photographie de son frère Charles qui lui est diamétralement opposée.5-Autoportrait d'Auguste Vacquerie, 1853-1855, vêtu d'une cape sombre, adossé lui aussi à la serre de Marine Terrace. Ami intime de la famille, il passa de longues années auprès d'eux à Jersey et à Guernesey. L'inscription CRITIQUE au-dessus du dessin entre les antennes d'un insecte et DRAME en-dessous, sous une tête de mort, font référence aux activités littéraires de Vacquerie mais pas seulement. Ici aussi, de part et d'autre du portrait, on retrouve les mots PRISON à gauche et EXIL à droite, insérés entre les barreaux d'une prison. Ce décor macabre est sans doute une métaphore de la situation de Vacquerie et de ses pensées, associant l'exil à la prison puis à la mort.6-Relié à ce portrait, sous le mot DRAME, se trouve une petite photographie d'avant juillet 1853, de la chatte de Vacquerie appelée Grise, intitulée aussi " La mère de Mouche écoutant Phèdre", avec une légende manuscrite dessous évoquant la mort de Grise que Vacquerie aimait particulièrement : "Et cette fin était digne d'être la tienneQu'étant née en priosn, tu sois morte en exil.Auguste Vacquerie7- Marine Terrace, par Charles Hugo, 1853-1854. photographie entourée de motifs géométriques sombres, dans les tons gris-bruns.Dessous à l'encre dans un cartouche, 1855, année de la réalisation de l'ensemble, et signature CHARLES HUGO FECIT tout à fait dans le bas.8 et 9-Deux petits portraits photographiques de Léopoldine Hugo, fille aînée du poète, d'après un dessin de Dubufe début 1843 et de son mari Charles Vacquerie (frère d'Auguste Vacquerie) d'après un dessin de Madame Adèle Hugo en 1843. Tous deux moururent noyés dans la Seine à Villequier en septembre 1843 mais Léopoldine sera toujours présente dans la famille par le biais d'oeuvres la représentant. Autour des portraits, on distingue des spectres puis un entrelacs de motifs végétaux et de plantes aquatiques. L'ensemble est intégré dans un grand rideau bleu et vert qui dissimule ces deux portraits aux autres, comme mis à part.Sous le portrait de Léopoldine, atmosphère aquatique avec sirène ailée flottant dans l'eau, référence évidente à la noyade.Puis en-dessous, rattaché par des tiges, un cartouche avec des inscriptions manuscrites sous forme de 3 strophes viennent légender l'ensemble :"L'heure des résurrectionsTinte à la clochette des tombes,Les hommes qui meurent colombesSortent du tombeau papillon.Un ange à la face étoilée,Et qui vers nous baisse les yeux,Sonne, dans le beffroi des cieux,La clochette à grande volée.A ce bruit, tous les papillonsDes tombeaux aux pudiques voilesSuivaient l'ange dans les rayonsEt se posent sur les étoiles."10- Portrait de Charles Hugo par Auguste Vacquerie en 1853. Fils aîné du poète, tourné vers la droite regardant son père.Les mots PRISON et EXIL encadrent le portrait avec motifs architecturaux et géométriques dessinés autour du portrait, ressemblant à ceux entourant son frère François-Victor, diamétralement opposé.11- Portrait Adèle Hugo, par Auguste Vacquerie, printemps 1853. Habillée de blanc et les yeux baissés, l'air triste, elle est la seule à ne pas porter un regard direct vers son père. Comme pour sa mère et sa soeur, les décors l'entourant sont un mélange de végétaux et floraux contrairement aux hommes insérés dans des motifs plus géométriques.