La Charrette du condamné [Le Dernier jour d'un condamné]

Illustration du u roman de Victor Hugo "Le Dernier Jour d'un condamné" publié en 1829 ; ici la charrette qui emmène le condamné se faire couper la tête en place de Grève. On aperçoit en arrière-plan la tour de l'église Saint-Jacques-la-Boucherie (la tour Saint-jacques). Dans sa composition, Louis Boulanger synthétise plusieurs passages du texte du chapitre XLVIII : « C’était une charrette ordinaire, avec un cheval étique, et un charretier en sarrau bleu à dessins rouges, comme ceux des maraîchers des environs de Bicêtre. […] Cet atroce éloge m’a donné du courage. Le prêtre est venu se placer auprès de moi. On m’avait assis sur la banquette de derrière, le dos tourné au cheval. J’ai frémi de cette dernière attention. […] En entrant sur le Pont-au-Change, j’ai par hasard jeté les yeux à ma droite en arrière. Mon regard s’est arrêté sur l’autre quai, au-dessus des maisons, à une tour noire, isolée, hérissée de sculptures, au sommet de laquelle je voyais deux monstres de pierre assis de profil. Je ne sais pourquoi j’ai demandé au prêtre ce que c’était que cette tour. / — Saint-Jacques-la-Boucherie, a répondu le bourreau. […] Nous avons pris le fatal quai. Je commençais à ne plus voir, à ne plus entendre. Toutes ces voix, toutes ces têtes aux fenêtres, aux portes, aux grilles des boutiques, aux branches des lanternes ; ces spectateurs avides et cruels ; cette foule où tous me connaissent et où je ne connais personne ; cette route pavée et murée de visages humains… J’étais ivre, stupide, insensé. C’est une chose insupportable que le poids de tant de regards appuyés sur vous. / Je vacillais donc sur le banc, ne prêtant même plus d’attention au prêtre et au crucifix. »