Bon soir. Good Evening.

Un homme est allongé dans un fauteuil, englouti par de gros coussins, les jambes étendues sur un repose-pied. Son visage creusé et grisâtre, ses mains abandonnées sur les accoudoirs, suggèrent qu'il est mort. Sur une petite table ronde, une bougie est couverte d'un éteignoir. En arrière-plan s'éloignent un prêtre et peut-être un médecin. Acteur, dramaturge et dessinateur, Henry Monnier a contribué à illustrer La Comédie humaine. Ses gravures des Mœurs administratives, et surtout sa pièce de théâtre Scènes de la vie bureaucratique, ont manifestement inspiré Balzac pour son roman La Femme supérieure, rebaptisé Les Employés. Les mêmes références aux mœurs de leur temps ont souvent inspiré parallèlement les deux artistes sur de nombreux sujets comme on peut le constater dans l’extrait suivant : "Pendant la consolante cérémonie du viatique, célébrée pour cet être qui n'avait jamais péché, mais à qui le monde chrétien disait adieu, la plupart de ces visages grossiers furent sincèrement attendris. Quelques larmes coulèrent sur de rudes joues crevassées par le soleil et brunies par les travaux en plein air. Ce sentiment de parenté volontaire était tout simple. Il n'y avait personne dans la Commune qui n'eût plaint ce pauvre être, qui ne lui eût donné son pain quotidien ; n'avait-il pas rencontré un père en chaque enfant, une mère chez la plus rieuse petite fille ? -- Il est mort, dit le curé. Ce mot excita la consternation la plus vraie. Les cierges furent allumés. Plusieurs personnes voulurent passer la nuit auprès du corps. Benassis et le militaire sortirent." [Extrait de Le Médecin de campagne, par Honoré de Balzac]