À l’occasion de l’édition 2022 du Festival de l’Histoire de l’Art à Fontainebleau, autour du thème de l’animal dans l’art, le département des arts graphiques du Petit Palais propose un parcours thématique sur l’art de la monture. Les représentations à dos d'animaux témoignent de la puissance et de la noblesse du cavalier. Parade, chasse, guerre, triomphe, voyage : les occasions ne manquent pas pour monter un destrier, voire d’autres animaux plus exotiques quand l’occasion le permet.
« La plus noble conquête que l’homme ait jamais faite est celle de ce fier et fougueux animal, qui partage avec lui les fatigues de la guerre et la gloire des combats... »
Buffon, Histoire naturelle, tome IV, 1753.
C’est tout un art de monter le cheval. Les artistes se sont adonnés à la représentation de l’éducation d’une monture privilégiée et noble, étape par étape, et telle qu’elle se pratiquait sous l’Ancien Régime au cours de la formation des gentilshommes.
Représenté depuis la Préhistoire sur les parois des grottes, le cheval est un emblème de pouvoir, le roi comme l’empereur demandent à leurs artistes des portraits équestres qui rappellent leur statut guerrier et souverain.
Dès le Moyen-Âge central et l’essor du roman courtois, il devient aussi indissociable de l’idéal chevaleresque, modèle de vertu et de courage.
Le cheval est un marqueur social et politique, aussi est-il un attribut privilégié du prince lorsqu’il part guerroyer.
Monter
L’éducation du cheval, une monture privilégiée et noble
Le manège (Lugt 92)
Cavalier vu par derrière et faisant cabrioler son cheval. Huitième numéro d'une suite de 19 pièces. A. de Vesme 234 ; Dutuit 86
Le Maneige Royal de Monsieur de Pluvinel, premier Escuyer du Roy / Dedans lequel se void la maniere de bien dresser les / Chevaux traictant de tout ce qui y est requis & / necessaire pour rendre un excellent et perfaict Cavalier / le tout selon l'usage...
Divers exercices de cavalerie, Cavalier allant au pas vers la gauche. Cinquième numéro d'une suite de 19 pièces (A. de Vesme 231, Dutuit 86)
Balotades à gauche
Le portrait équestre, de Marc Aurèle à Napoléon
Statue équestre de Marc Aurèle (Bartsch 514 - Bartsch illustré tome 27 (volume 14, 2ème partie), page 187)
Combat d'Avigliano ou Combat de Veillane, avec le portrait de Louis XIII (Lieure 664, Meaume 507)
Dona Margarita de Austria Reyna de Espana (Delteil 7 ; Gassier-Wilson 92 ; Harris 6 III 1 ; Lefort 231)
Napoléon Ier
Partir en guerre sur sa monture
Le Combat de saint Jacques à Clavijo (Bartsch 53)
Hercule combat Troie
La Vie de Ferdinand Ier de Médicis, Défaite de la cavalerie turque. Huitième numéro d'une suite de 16 pièces terminées et 2 pièces surnuméraires (Lieure 154, Meaume 541)
Sujet de bataille (Bartsch 117)
Combat de cavaliers arabes
Le portrait équestre est l’apanage des hommes de pouvoir ; un pouvoir sur les autres hommes qu’ils gouvernent, mais aussi sur les animaux qu’ils cherchent à dresser, sinon dominer.
La chasse est un loisir aristocratique, dont les règles principales ont été mises à l’écrit à la fin du XIVe siècle par le comte de Foix et vicomte de Béarn, Gaston Phoebus.
Elle est un sujet de prédilection pour les artistes, inspirée d’abord par les sources mythologiques, notamment l’épisode de la chasse aux sangliers de Calydon.
Ces représentations suivent les modes initiées par les rois de France à partir du XVIe siècle, à un moment où la peinture animalière commence à gagner ses lettres de noblesse.
Monter un animal, c’est aussi défiler, se montrer, triompher. Les parades équestres deviennent de véritables spectacles.
Qu’il s’agisse d’un destrier habituel ou d’un animal plus exotique, comme l’éléphant, ces animaux montés soulignent la puissance de leur cavalier.
Chasser et se donner en spectacle
Chasser le roi des animaux
La grande chasse aux lions (Bartsch 114)
Chasse aux lions d'après l'antique (Bartsch 422 - Bartsch illustré tome 27 (volume 14, 2ème partie), page 110)
La Chasse aux Lions d'après Rubens (Dutuit 1 p. 244)
La Petite Chasse avec un lion (Bartsch 116; Dutuit 117; Hollstein 116)
La Petite Chasse avec deux lions (Bartsch 115)
Cheval dévoré par un lion.
Les spectacles équestres
Der Weisskunig : Tournoi avec plusieurs jouteurs. Troisième numéro de deux suites de huit planches éditées en 1869 (Dornik-Ege 29)
Deuxième tournoi dit "A la tapisserie de Samson" (Hollstein 117, Bartsch 126)
La Course au grand galop ou le Tournoi allemand (Bartsch app. 36)
Guerre de beauté, Vue d'ensemble de la fête. Cinquième numéro d'une suite de 5 pièces (Lieure 182, Meaume 640)
Carlos V lanceando un toro en la plaza de Valladolid, n°10
Le Banderillo à cheval
L’éléphant, un animal de parade exotique
L'Eléphant (Bartsch 92)
Le Cortège Triomphal de l'Empereur Maximilien Ier : Indiens avec un éléphant (Dornik-Eger 36, Bartsch 81)
Eléphant porteur d'un howdah
Fables choisies de J. de La Fontaine. Volume 3.
Triomphe d'Alexandre ou Entrée à Babylone
Oué qu't'as donc à tourner autour de c't'éléphant surmonté d'un chinois ? ... [...] il y avait toujours une pendule dans le ventre de l'éléphant.....
Scènes principales de l'éléphant du roi de Siam. / (4e.)
Au-delà du portrait équestre traditionnel et parfois figé, les artistes fascinés par le mouvement des animaux ont aussi cherché à le transposer en image.
Les montures sont nombreuses sur ces représentations, et de plus en plus, elles sont traitées avec autant de soins que leur cavalier.
A partir du XIXe siècle, la chevauchée prend alors une dimension fantastique chez les artistes romantiques et leurs successeurs, s'inspirant des créations des visionnaires comme Albrecht Dürer (1471-1528) ou Francisco de Goya (1746-1828). L’étude du cheval fougueux est aussi une partie majeure de l’œuvre de Théodore Géricault (1791-1824), dont il se fait l’observateur privilégié.
Quant aux peintres orientalistes, ils proposent des scènes de voyage dans les régions d'Afrique du Nord. Les longues caravanes traversant des déserts infinis fascinent les artistes. Les pèlerins, à dos de dromadaires, y sont évoqués dans des tons plus chauds que de coutume.
Voyager
La Chevauchée fantastique
L'Apocalypse (Edition allemande) : Les Quatre Cavaliers de l'Apocalypse (Bartsch 64)
Reniego al amigo que cubre con las alas y muerte con el pico. Disparate volante, pl. 5 (H : 252)
Faust et Méphistophélès galopant dans la nuit du sabbat (Delteil 73)
[Cavalier au galop]
La licorne
Harmonie du soir en vert
Course de 3 chevaux.
Mazeppa [...]. (IFF 35)
Traverser le désert
Vers Le Caire, la Caravane
Dromadaire monté par un arabe
La représentation équestre est indissociable de sa symbolique religieuse ou mythique, remontant aux cultes les plus anciens de chevaux fabuleux, comme la figure de Pégase ou de Sleipnir.
Les quatre cavaliers de l’Apocalypse rouge feu, blanc, noir et vert pâle illustrent, eux aussi, la puissance de tels destriers.
La monture est aussi un élément essentiel de certaines scènes du Nouveau Testament : c’est bien sur un humble petit âne que la Sainte Famille fuit en Égypte après la Nativité, et c’est souvent ce même animal qui guide le Bon Samaritain pour venir en aide au voyageur blessé, dans les représentations traditionnelles de cette parabole.
Porter secours
La fuite en Egypte
La Fuite en Egypte (Bartsch 7)
La Vie de la Vierge : La Fuite en Egypte (Bartsch 89)
La Fuite en Egypte, la nuit (Bartsch 53)
La Vie de la Sainte Vierge, La Fuite en Egypte : Dixième numéro d'une suite de 14 pièces (Lieure 1366, Meaume 85)
La Fuite en Egypte (Bartsch illustré 12, Bartsch 12)
La Fuite en Egypte (Bartsch illustré 12, Bartsch 12)
Le Bon Samaritain
Parabole du Bon Samaritain n°3 : Le Bon Samaritain le porte sur son âne (Hollstein 42)
Parabole du Bon Samaritain n°4 : Le Bon Samaritain le dépose à l'auberge (Hollstein 43)
Le Bon Samaritain
Alors que René Descartes énonçait en 1637 dans le Discours de la Méthode que les « bêtes » n’avaient point de raison, le comportement animal suscite un vif intérêt dès le XVIIIe siècle.
L’animal s’affranchit de l’homme et des grandes démonstrations de puissance pour devenir un objet d’étude à part entière.
Les représentations naturalistes sont nombreuses, et bientôt rejointes par des scènes animales plus romantiques et exaltées au XIXe siècle.
Dans la Guerre des Souris et des Grenouilles, ou Batrachomyomachia, épopée antique et comique et parodie de l’Iliade, les animaux deviennent tantôt monture, tantôt cavalier.
Il en est de même pour d’autres représentations, où le monde animal devient un microcosme privilégié pour pointer ou mettre en valeur les défauts des hommes.
Triompher
Quand l’animal devient le cavalier…
Le Roman de Renard : 1 - Le Renard monté sur l'âne (Bartsch 1)
La guerre des Grenouilles et des Souris (Bartsch 31)
Crachez en l’air ça vous retombera sur le nez
HIPPODROME
… et l’homme sa monture
Les deux aventuriers et le talisman dans Fables choisies de J. de La Fontaine. Volume 4, Livre X, fable 14
Festival de l’Histoire de l’Art à Fontainebleau, 3-4-5 juin 2022
https://www.festivaldelhistoiredelart.fr/
Pour aller plus loin
Remerciements
Remerciements à l'ensemble des équipes du Petit Palais - Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris et à l'ensemble des équipe des services centraux de Paris Musées.
Nous remercions tout spécialement Clotilde Euzennat et Pierre Husson, stagiaires au Petit Palais, qui ont imaginé ce parcours.