Jugement des Juges

Dans cette scène allégorique, sous le regard de la France qui les condamne (femme assise, vêtue d'une tunique et coiffée de tours), le Temps (veillard ailé) passe à la Justice les juges d'hier aujourd'hui condamnés. Ceux-ci, Pairs de France, comme leur costume l'indique, sont marqués au fer rouge sur le front. D'autres individus semblent attendre d'être flétris à leur tour à gauche de la scène. Un gamin, coiffé d'un bonnet phrygien, donne un coup de pied au derrière de l'un d'eux, tandis qu'un autre, monté sur la base d'une colonne désigne l' "ARRET DE LA NATION QUI Condamne". A droite, un homme est déjà marqué d'un "ASS[ASSIN]" ; un autre réajuste son chapeau. Derrière lui, on voit les armes de la Monarchie de Juillet selon "La Caricature" : la poire, le clystère, le parapluie et le chapeau à cocarde. Au pied de la Justice : un glaive et un buste décapité de Louis-Philippe. Cette planche rejoint plusieurs autres scènes et allégories d'anticipation parus dans "La Caricature", dans lesquelles l'artiste "empiète sur les possibilités de l'avenir", comme l'écrit l'explication. Elle s'inscrit dans le contexte du procès des accusés d'Avril et donne à voir un renversement du rapport de force, faisant des juges les accusés et des accusés les juges.