La tour de Babel politique.

Au premier plan, Louis-Philippe, vu de dos, portant une redingote et un chapeau haut de forme décoré d’une cocarde tricolore, est occupé à tracer, de la pointe de son parapluie, le plan d’une citadelle (dont la forme fait penser à celles réalisées au XVIIe siècle par Vauban) tout autour de « Paris », matérialisé par un cercle central. Ce cercle central est en réalité le plan de la gigatesque prison que le roi prévoit de construire, et qui est représentée à l’arrière-plan. Elle a pour projet d’adopter la forme de la tour de Babel telle qu’a pu l’imaginer Peter Brughel l’Ancien (par exemple dans la version du Kunsthistorisches Museum de Vienne ; 1563). Aux côtés de Louis-Philippe se trouve un magistrat (non identifié) qui se penche avec lui sur l’étude du plan. A gche, d’Argout en ouvrier semble peiner à transporter un baquet de ciment. A dte, il semble que ce soit Viennet qui découpe une pierre avec une scie à cadre. La référence à la tour de Babel est utilisée, d’une part, afin de suggérer le gigantisme de la prison que le roi se propose de faire construire, et ainsi de dénoncer le régime jugé excessivement répressif par "La Caricature". D’autre part, la tour de Babel, évoquée dans la Genèse, sert à dénoncer l’orgueil des hommes constructeurs. En effet, arès le Déluge, les premiers hommes entreprirent sa construction pour atteindre le ciel, mais Dieu jugea ce projet trop ambitieux et décida de brouiller le langage des hommes afin qu’ils ne puissent pas poursuivre la construction. Ainsi, c’est ce terrible destin que la pl. prédit à la monarchie de Juillet si celle-ci ne cesse de bafouer les droits républicains. L’explication précise que c’est pour enfermer les anarchistes que cette prison sera construite. Par anarchiste, elle précise que le gouvernement entend « tous ceux qui n’aiment pas la royauté ». Elle révèle également l’absurdité de l’entreprise du gouvernement, en poussant le raisonnement à son extrême : si toutes les personnes n’aimant pas le gouvernement y sont enfermées, alors il n’y aura, selon elle, personne pour la construire.