Illustre la pièce d ethéâtre de Victor Hugo, "Angelo, tyran de Padoue", "Journée II", "Le crucifix" et correspond de manière simplifiée à la didascalie ouvrant le 2e acte :"DEUXIÈME JOURNÉE LE CRUCIFIXUne chambre richement tendue d'écarlate rehaussé d'or. Dans un angle, à gauche, un lit magnifique sur une estrade et sous un dais porté par des colonnes torses. Aux quatre coins du dais pendent des rideaux cramoisis qui peuvent se fermer et cacher entièrement le lit. À droite, dans l'angle, une fenêtre ouverte. Du même côté, une porte masquée dans la tenture; auprès, un prie-Dieu, au-dessus duquel pend accroché au mur un crucifix en cuivre poli. Au fond, une grande porte à deux battants. Entre cette porte et le lit une autre porte petite et très ornée. Table, fauteuils, flambeaux, un grand dressoir. Dehors jardins, clochers, clair de lune. Une angélique sur la table."L'action représentée correspond précisément à la fin de cette seconde journée, scène VI, lorsqua La Tisbe quitte la chambre de Catarina en compagnie d'Angelo qui la raccompagne :"LA TISBEMa litière est en bas qui m'attend. Me donnerez-vous la main jusque-là ? Laissons dormir madame à présent.ANGELOJe suis à vos ordres, dona Tisbe. Passons par mon appartement, s'il vous plaît, que je prenne mon épée. (Allant à la grande porte du fond.) — Holà! des flambeaux !LA TISBE(Elle prend CATARINA à part sur le devant du théâtre.) Faites-le évader, tout de suite. Par où je suis venue. Voici la clef. (Se tournant vers l'oratoire.) — Oh! cette porte! Oh! que je souffre! Ne pas même savoir réellement si c'est lui!ANGELO, qui revient. Je vous attends, madame.LA TISBE, à part.Oh! si je pouvais seulement le voir passer! Aucun moyen! Il faut s'en aller! Oh!... (A ANGELO.) — Allons! venez, monseigneur.CATARINA, les regardant sortir. C'est donc un rêve !"Mais Henri Martin tente bien sûr de concentrer dans cette scène de dénouement toute la tension du drame qui s’est joué durant cet acte. Le crucifix – qui donne son titre à la journée – posé sur la table en est le symbole. Il rappelle l’épisode de la scène V ou la situation s’inverse, la Tisbe venu se venger de Catarina par jalousie découvrant que celle-ci a sauvé sa mère :"CATARINAArrêtez! Ah! Dieu! Ah! Arrêtez ! Vous ne savez donc pas qu'il va me tuer! Laissez-moi au moins un instant, encore un petit instant, pour prier Dieu! Non, je ne sortirai pas d'ici. Voyez-vous, je vais me mettre à genoux là... (Lui montrant le crucifix de cuivre au-dessus du prie-Dieu.) — devant ce crucifix. (L'œil de LA TISBE s'attache au crucifix.) — Oh! tenez, par grâce, priez à côté de moi. Voulez-vous, dites ? Et puis après, si vous voulez toujours ma mort, si le bon Dieu vous laisse cette pensée-là, vous ferez ce que vous voudrez.LA TISBE (Elle se précipite sur le crucifix et l'arrache du mur.)Qu'est-ce que c'est que ce crucifix ? D'où vous vient-il ? D'où le tenez-vous ? Qui vous l'a donné ?CATARINAQuoi ? ce crucifix ? Oh ! je suis anéantie. Oh ! cela ne vous sert à rien de me faire des questions sur ce crucifix !LA TISBEComment est-il en vos mains ? dites vite ! (Le flambeau est resté sur une crédence près du balcon. LA TISBE s'en approche et examine le crucifix. CATARINA la suit.)CATARINAEh bien, c'est une femme. Vous regardez le nom qui est au bas. C'est un nom que je ne connais pas, Tisbe, je crois. C'est une pauvre femme qu'on voulait faire mourir. J'ai demandé sa grâce, moi. Comme c'était mon père, il me l'a accordée. À Brescia. J'étais tout enfant. Oh! ne me perdez pas, ayez pitié de moi, madame! Alors la femme m'a donné ce crucifix, en me disant qu'il me porterait bonheur. Voilà tout. Je vous jure que voilà bien tout. Mais qu'est-ce que cela vous fait ? À quoi bon me faire dire des choses inutiles ? Oh! je suis épuisée!LA TISBE,à part. Ciel! Oh ma mère!"
Le volume "Drame III" de l'Edition Nationale paraît en 1887, à un moment où Émile Testard prend le contrôle de l’entreprise. Il choisit de ne peut disperser l’illustration d’une œuvre entre plusieurs artiste mais de la confier à une seul pour obtenir un travail homogène. Ainsi Henri Martin, peintre encore débutant, se voit-il confier toute l’illustration de la pièce « Angelo tyran de Padoue », soit cinq vignettes de titre (une pour chacune des trois journées et des parties de la troisième) ainsi que deux grandes planches pleine page. Toutes ces compositions seront gravées par Charles Courtry.