Le Maître du Monde

Tableau curieux que ce "Maître du Monde", figurant l’Enfant Jésus nu, debout sur un parapet, tenant dans une main un globe doré, et dans l’autre une croix. Son expression figée est grave. Derrière lui, saint Jean-Baptiste enfant, nu également désigne du doigt Jésus. Sainte Elisabeth lui fait pendant, le visage baissé vers l’ouvrage que coud la Vierge.Aucun lien ne semble unir les différents personnages. Ils partagent le même espace, qui est celui du tableau, mais ne semblent pas se situer dans une même temporalité. La barrière matérielle du parapet pourrait d’ailleurs distinguer deux espaces. La peinture de la Renaissance Italienne développa souvent les dialectiques de présence et d’absence, laissant de côté les anachronismes afin de représenter des communautés spirituelles.Ce tableau a longtemps été considéré comme une copie avec variantes de La Sainte Famille avec saint Jean d’Andrea Mantegna (Londres, National Gallery). L’iconographie des deux peintures est proche, mais quelques éléments divergent : les enfants sont vêtus sur le tableau londonien et prennent place dans un puits, la figure de sainte Élisabeth du tableau Ocampo est remplacée à Londres par saint Joseph et le fond noir du premier, par des orangers, dans le second.Le tableau se rapproche également des « Sainte Famille » disposées sur un fond noir, peintes par Mantegna ("Sainte Famille avec sainte Élisabeth et saint Jean-Baptiste", Dresde, Staatliche Kunstsammlungen ; "Sainte Famille avec Élisabeth et saint Jean-Baptiste enfant", Fortworth, Kimbell Art Museum). Il s’inscrit parfaitement dans l’œuvre de l’artiste, mais l’attribution du tableau au maître est contestée. De plus, des examens en laboratoire datant de 2007, proposent de le dater du XVIIème siècle. Son auteur serait alors à chercher dans la postérité d’Andrea Mantegna.