« Hommages publics rendus dans l’église Sainte Claire de Coïmbra, aux restes d’Ines de Castro, exhumée et proclamée reine du Portugal par les ordres de Don Pédro en 1350 »

Zoom
CC0Télécharger
« Hommages publics rendus dans l’église Sainte Claire de Coïmbra, aux restes d’Ines de Castro, exhumée et proclamée reine du Portugal par les ordres de Don Pédro en 1350 »
CC0 Paris Musées / Maisons de Victor Hugo Paris-Guernesey
X
Zoom
Autre visuel (1)
« Hommages publics rendus dans l’église Sainte Claire de Coïmbra, aux restes d’Ines de Castro, exhumée et proclamée reine du Portugal par les ordres de Don Pédro en 1350 »
Saint-Evre, Gillot
Datation
Fin 1827 debut 1828
Musée
Maison de Victor Hugo - Hauteville House
Auteur(s)
Saint-Evre, Gillot (Boult-sur-Suippe, en 1791 - Paris, en 1858), peintre
Dates
Fin 1827 debut 1828
Datation en siècle
Type(s) d'objet(s)
Dénomination(s)
Matériaux et techniques
Numéro d’inventaire
3488
« Hommages publics rendus dans l’église Sainte Claire de Coïmbra, aux restes d’Ines de Castro, exhumée et proclamée reine du Portugal par les ordres de Don Pédro en 1350 »

Informations détaillées

Auteur(s)
Saint-Evre, Gillot (Boult-sur-Suippe, en 1791 - Paris, en 1858), peintre
Autre titre :
Ines de Castro (Titre factice)
Date de production
Fin 1827 debut 1828
Datation en siècle
Type(s) d'objet(s)
Dénomination(s)
Matériaux et techniques
Dimensions - Oeuvre:
  • Hauteur : 138 cm
  • Largeur : 163.5 cm
Marques, inscriptions, poinçons
Signature - En bas, à droite : "G. Saint Evre"
Inscription - Sur le cadre, en bas, à droite : "LE DUC ET LA DUCHESSE D'ORLEANS A VICTOR HUGO3
Description iconographique

La scène représente le couronnement d’Inès de Castro lors du sacre du roi Pierre de Portugal en 1357. Celui-ci accède au trône après une rébellion contre son père provoquée par l’assassinat d’Inès de Castro que le prince aimait et avait épousé secrètement, malgré l’opposition du roi. Selon la légende qui entoure ce fait historique, Pierre aurait fait déterrer le cadavre d’Inès pour la faire couronner, obligeant toute la cour à lui rendre hommage. Cet épisode des chroniques du Portugal est très à la mode au XVIIIe siècle et au XIXe et la scène souvent reprise dans les œuvres littéraires qu’il inspire. Toutefois dans sa propre pièce, Victor Hugo, ne reprend pas cet épisode macabre, le remplaçant par une apparition du fantôme d’Inès appelant à la réconciliation.

Commentaire historique

Ce tableau a été présenté au Salon de 1827, sous le titre « Hommages publics rendus dans l’église Sainte Claire de Coïmbra, aux restes d’Ines de Castro, exhumée et proclamée reine du Portugal pat les ordres de Don Pédro en 1350 », sous le n° 1732 du supplément au catalogue. Déposée après l’ouverture du Salon, l’œuvre n’a été exposée qu’en février 1828, lors du troisième accrochage où elle a les honneurs du salon carré. Ce troisième accrochage est mis à profit par le comte de Forbin, directeur des musées et maître d’œuvre du Salon, pour regrouper dans cette salle de prestige qu’est le salon carré, les œuvres les plus remarquées des artistes romantiques auxquels il est favorable. Cette initiative va relancer le débat et la polémique autour des romantiques. Ainsi, aux côtés du « Sardanapale » d’Eugène Delacroix, du « Massacre des Janissaires » de Charles Champmartin, de l’ « Athalie » de Xavier Sigalon, de « la Naissance d’Henri IV » d’Eugène Deveria, du « Mazeppa » de Louis Boulanger, « Inès de Castro » prend-elle place dans ce moment clé de l’histoire de la peinture romantique. A l’issue du Salon, Saint-Evre recevra une médaille de première classe. La peinture est ensuite restée dans l’atelier de l’artiste jusqu’à ce qu’il soit offert par le duc et la duchesse d’Orléans à Victor Hugo et être livré place Royale (place des Vosges le 4 juillet 1837). Ce don traduit le resserrement des relations entre Hugo et la famille à l’occasion du mariage du Duc d’Orléans et s’inscrit dans une sorte de feuilleton où s’entremêle l’affaire de la légion d’honneur et la publication des « Voix intérieures ». Le 7 juin 1837 dans « La Presse », le journal d’Émile de Girardin, où écrit Dumas, paraît un article qui s’étonne que ni Balzac, ni Dumas, ni Hugo (à titre d’officier) ne soit inscrit sur la liste des promotions dans l’ordre de la légion d’honneur, à l’occasion du mariage du duc Ferdinand-Philippe d’Orléans et d’Hélène de Mecklembourg-Schwerin célébré le 30 mai. Mme Hugo, dans « Victor Hugo raconté par un témoin de sa vie » (6ème partie, chapitre 8) relate que Dumas vint voir Hugo « fort irrité : il allait y avoir des promotions dans la Légion d’honneur ; le roi voyant son nom sur une des listes qu’on lui avait présentées, l’avait rayé ; cette offense lui avait fait renvoyé l’invitation qu’il avait reçu. » De même, le lendemain, Hugo écrit au duc qu’il ne se rendra pas à son invitation à Versailles à cause de l’oubli de ses confrères pour la légion d’honneur. Le 9 le duc répond que ces oublis seront corrigés et le 10, Dumas et Hugo assistent à Versailles, à la fête pour l'inauguration du « musée historique consacré à toutes les gloires de la France ». Le 26 ou le 27 juin paraît le recueil « Les Voix intérieures » dont Victor Hugo envoie un exemplaire à la duchesse. Le 3 juillet Dumas est fait chevalier de la légion d’honneur et Hugo promu officier. Le lendemain, 4 juillet, le tableau de Gillot Saint-Èvre est livré place Royale avec, sur le cadre, une dédicace avec la date du 27 juin (celle de la publication des « Voix intérieures ». Dans ses mémoires, Alexandre Dumas raconte le rôle qu’il a joué dans ce don dont il dit avoir suggéré l’idée au prince : « En 1837, j’entrais chez le prince royal comme il allait envoyer à Victor Hugo, en remerciement d’un volume de poésies adressé par le grand poète à Mme la duchesse d’Orléans, je ne sais quelle tabatière ou quelle bague en diamant. Il me montra l’objet en question, et m’annonça sa destination, en me laissant entrevoir que j’étais menacé du pareil. / - Oh ! monseigneur, par grâce ! lui dis-je, n’envoyer à Hugo ni bague ni tabatière.- Pourquoi cela ? / - C’est ce que tout autre prince ferait, et monseigneur le duc d’Orléans, mon duc d’Orléans à moi, n’est pas tout autre : il est lui, c’est-à-dire un homme d’esprit, un homme de cœur, un artiste. / - Que voulez-vous donc que je lui envoie ? / - Décrochez un tableau de votre galerie, peu importe lequel, pourvu qu’il ait appartenu à votre altesse. Faites mettre au bas : Donné par le prince royal à Victor Hugo, et envoyez-lui cela.- Eh bien, soit ! Mieux encore : cherchez-moi, chez un peintre de vos amis, un tableau qui puisse plaire à Hugo ; achetez-le, faites-le moi apporter, et je le lui donnerai. Il y aura ainsi deux contents au lieu d’un : le peintre à qui je l’achèterai, le poète à qui je le donnerai. » Dumas avait d’abord songé à une peinture de Delacroix mais n’ayant pu s’entendre avec lui s’est reporté sur l’œuvre de Saint-Èvre. Faut-il voir finalement dans ce don un remerciement pour la Légion d’honneur de Dumas ou un hommage pour « Les Voix intérieures » ? En retour, Hugo donne une fête en l’hommage du duc et de la duchesse, le 21 janvier 1838. Pieusement conservé par Hugo, le tableau compte parmi les quelques objets qui échappèrent à la vente aux enchères du mobilier de Victor Hugo organisée à Paris les 8 et 9 juin 1852, alors que le poète s'était réfugié à Bruxelles depuis le 12 décembre 1851. Il fut transféré à Guernesey où il était accroché dans le billard de Hauteville House. Il est resté jusqu'à son transfert à Paris en 2002.

Mode d'acquisition
Date d’acquisition
1927
Numéro d’inventaire
3488

Prolongement

Prolongement

Lié à Archive / Œuvre

Indexation

Datation en siècle

  • 2e millénaire
    • 19e siècle (109 898)
      • 1ère moitié du 19e siècle
        • 2e quart du 19e siècle

Type(s) d'objet(s)

Dénomination(s)

Matériaux et techniques

Retour vers le haut de page