Le carcan

Il s'agit d'une vue des bancs de l'Assemblée, plusieurs personnages sont assis, à la tribune un orateur dans une posture stéréotypée, appuyé au pupitre, le corps penché en avant et le bras tendu. La scène respire l'ennui et l'indifférence. Au premier plan se trouve Guizot, sujet principal de la planche, les jambes étendues, les bras croisés et le visage grimaçant. "Le banc sur lequel cette planche nous montre M. Guizot est véritablement un banc de douleur", précise l'explication. A côté de lui est posé un portefeuille portant l'inscription "CULTE / INSTRUCTION". Homme-clé de la monarchie de Jullet, Guizot fut ministre de l'Instruction publique, presque sans discontinuer entre 1832 et 1837. (Les Cultes étaient rattachés à la Justice dont le titulaire le plus fréquent était dans ses années Persil). Comme placardée derrière lui, une pancarte porte la liste suivante : "Voyage de Gand / Censure / Cours prévôtales. / Doctrine" : cette liste semble faire référence au passé de Guizot sous la Restauration, voyage à Gand auprès de Louis XVIII en exil pendant les Cent-Jours, rôle de secrétaire général au ministère de la Justice au moment du rétablissement des cours prévôtales. Le titre pourrait être à double entente : le carcan est-il celui dans lequel la "Doctrine" conservatrice et les lois liberticides de Guizot enferment la France ou bien est-ce Guizot lui-même qui est mis au carcan, torturé et exposé à la vindicte, la liste de ses forfaits affichée au dessus de lui.