Grande Croisade contre la Liberté. (7me feuille.)

Pl. n°13 et 14 de la série "Grande croisade contre la liberté" en comprenant 14. Cf. pl. n°1 et 2 (pl. 386-387 du numéro 184), pl. n°3 et 4 (pl. 388-389 du numéro 185), pl. n°5 et 6 (pl. 392-393 du numéro 187), pl. n°7 et 8 (pl. 396-397 du numéro 189), pl. n°9 et 10 (pl. 402-403 du numéro 192), pl. n°11 et 12 (pl. 414-415 du numéro 198). A la tête du cortège apparaissent Louise Marie Adélaïde Eugénie d’Orléans — dite « Madame Adélaïde », soeur et conseillère du roi et Camille Bachasson, comte de Montalivet, homme politique proche de Louis-Philippe, plusieurs fois ministre de l'Intérieur et ministre de l'Instruction publique et des cultes sous la Monarchie de Juillet. Les deux sont montés sur un lévrier "symbole de la fidélité" (in explication, p. 1660) et sont désignés dans la légende comme : "Melle Adela, vivandière, accompagnée de son Talivet, premier Gâte-sauce du Royaume". "L'Urne électoral", qualifié aussi de "Cruche constitutionnelle et monarchique" est portée sur un plateau par "la Jobarderie, la Badauderie, la Banlieue et toute la Boutiquerie imbécille", rassemblement de "types" physiognomoniques incarnant la bêtise. Parmi les "béotiques faciès" (in explication) qui précèdent l'urne, un cuisinier portant un poulet embroché sur une pique, un homme bedonnant les mains dans ses poches, un autre tenant un gourdin et un âne attaché à une corde, figure de "l'assommeur" à la solde du régime, autant de types opposés à l'homme du peuple valeureux et vertueux héroisé par les dessinateurs de La Caricature. Portant l'urne, deux gardes nationaux, ce qui apparaît comme un boutiquier arborant la légion d'honneur et un bourgeois en haut de forme ceint de l'écharpe tricolore. La cruche constitutionnelle, sur laquelle est inscrit "MELASSE ELECTORALE", est surmontée d'une couronne et entourée de divers symboles de corruption électorale. Argent, épaulettes et autres faveurs et distinctions sont convertis en "vote pour". Une cruche résume un système reposant sur le pot de vin. La devise inscrite sur une banderole tricolore de part et d'autre de l'urne : "MAJORITE QUI FAIT LES LOIS" apparaît comme le rappel de l'idéal révolutionnaire trahi. "L'enfance politique" qui accompagne le cortège est un vieillard à cheval sur un âne de bois et tirant un canon en jouet. En queue de cortège, "l'Ennuque", habillé en pénitent et portant attaché à un roseau un ballon dégonflé, sur lequel est inscrit "ADRESSE DU TIERS PARTI", symbolise l'impuissance politique des opposants repentis et dégonflés, dont les revirements et accomodements attestent de la souplesse.