Visages de l'effroi : violences et imaginaires fantastiques, de David à Delacroix
Présentation
En marge du néoclassicisme de la fin du XVIIIe siècle, le
sentiment romantique émerge en France en plongeant ses racines dans un
mal-être, symptomatique d’une époque troublée tant sur le plan politique et
économique que social et culturel. De la fin de l’Ancien régime aux espoirs
déçus de la Révolution de 1848, les artistes traversent un siècle fait de
bouleversements et de désenchantements qui les amènent à repenser, voire à
redéfinir, la finalité de leur art. Le néoclassicisme des grands maitres tels
David, Girodet ou Gérard porte une esthétique où la violence, souvent légitime,
s’impose comme une caractéristique du discours artistique. Si elle aboutit
souvent à la mort vertueuse du héros, elle marque aussi le début d’un dialogue
entre morts et vivants dans l’au-delà. Une production foisonnante souvent
méconnue, attachée au surnaturel, voire au morbide, voit ainsi le jour dès le
Directoire et pendant toute la période romantique alors que la Terreur, les
bouleversements politiques et les guerres napoléoniennes ont rendu quotidienne
l’horreur qui n’est plus un sujet privilégié de la peinture d’histoire mais une
réalité. À travers une réunion d’œuvres françaises de David, Delacroix,
Géricault et Ingres, souvent inédites, l’exposition montre le passage d’une
violence dramatique et maîtrisée à la fin du XVIIIe siècle vers une forme
française du romantisme fantastique et noir nourri tant par le traumatisme
révolutionnaire que par la littérature ancienne et contemporaine.