Fauteuil à la reine

Conservant un dessin prononcé dans la partie haute du dossier, héritage de la période régence, les deux fauteuils formant cette paire sont de beaux exemples de sièges rocaille. Leurs lignes sont puissantes et soulignées par une sculpture au relief précis. La rigidité dont se parait encore le style régence a disparu au profit de courbes qui se fondent les unes aux autres. Le menuisier s’attache à dissimuler les assemblages par des éléments sculptés qui participent aussi au mouvement du siège. Cette volonté est surtout visible au niveau du rattachement de la console d’accotoir à la traverse latérale de l’assise. Ici la partie sculptée de la console, dégagée par le ravalement nécessaire à la fixation de la garniture, s’amincit à l’extrême pour venir mourir dans la continuité de la traverse. A la jonction des deux parties une coquille asymétrique renvoie le mouvement vers l’avant du siège. La traverse avant du fauteuil est régulièrement chantournée, soulignée de motifs rocaille et présente en son centre une coquille, elle aussi asymétrique, qui vient rompre la baguette supérieure de la traverse. Cette rupture, caractéristique du rocaille, est soulignée par le rang de clous qui maintient la garniture. Les pieds sont également richement sculptés de motifs qui tirent profit de la surface offerte. Le dossier présente les mêmes caractéristiques avec de très beaux fragments de coquille à ses angles supérieurs qui soutiennent un motif rocaille qui se prolonge haut et bas par des éléments floraux. Sculptés avec soin, ces ornements participent à la richesse de ces fauteuils qui face à l’exubérance de certaines réalisations prouvent que des menuisiers tels que René Cresson, à qui on pourrait attribuer cette paire, surent préparer le passage vers un rocaille plus retenu.