La devanture de Gaudissart

Un homme élégant, coiffé d’un haut-de-forme et vêtu d’une redingote ajustée et de gants, accompagne deux femmes, la canne à la main. Celles-ci, coiffés de chapeaux à rubans, portant des châles sur leur robe pour l’une à motifs fleuris, pour l’autres à froufrous, s’arrêtent devant une vitrine d’articles de modes. Sur la vitrine est Gaudissart. Extrait du roman Gaudissart II, par Honoré de Balzac : "Savoir vendre, pouvoir vendre, et vendre ! Le public ne se doute pas de tout ce que Paris doit de grandeurs à ces trois faces du même problème. L'éclat de magasins aussi riches que les salons de la noblesse avant 1789, la splendeur des cafés qui souvent efface, et très-facilement, celle du néo-Versailles, le poème des étalages détruit tous les soirs, reconstruit tous les matins ; l'élégance et la grâce des jeunes gens en communication avec les acheteuses, les piquantes physionomies et les toilettes des jeunes filles qui doivent attirer les acheteurs ; et enfin, récemment, les profondeurs, les espaces immenses et le luxe babylonien des galeries où les marchands monopolisent les spécialités en les réunissant, tout ceci n'est rien !... Il ne s'agit encore que de plaire à l'organe le plus avide et le plus blasé qui se soit développé chez l'homme depuis la société romaine, et dont l'exigence est devenue sans bornes, grâce aux efforts de la civilisation la plus raffinée. Cet organe, c'est l'oeil des Parisiens !..."