Portrait d'une danseuse

Le tambour de basque tenu par le modèle et l'envolée du vêtement indiquent qu'il doit s'agir du portrait d'une actrice ou plus probablement d'une danseuse. La fin du XIXème siècle avait voulu reconnaître dans cette oeuvre le portrait de Marie-Anne de Cupis, dite Mademoiselle Camargo, ce qui est impossible car l'illustre danseuse meurt en 1770 et que ce tableau fut peint vers 1785-1786. Ce portrait pourrait, par contre, être celui de Mademoiselle Anne Heinel, célèbre danseuse de l'Opéra. On retrouve en effet une parenté de traits et d'expression avec son portrait peint par Michel-Vincent Brandoin et gravé à Londres, en 1772, par Proud ("Melle Heinel in the Character of a Sultana"). Cependant, le grand chapeau à coques de rubans piquées de fleurs, mode parisienne éphémère des années 1780, ne correspond guère à un rôle de danseuse et tranche avec le tambourin. Il n'est pas exclu que ce costume soit simplement une sorte de déguisement comme les peintres aimaient en utiliser pour travestir leurs modèles et donner du piquant à leurs portraits féminins. Le visage de cette jeune femme rappelle aussi celui de Suzanne-Marie-Françoise Vigée, portraiturée par Elisabeth Vigée-Lebrun, sa belle-soeur, en 1785 (collection privée). Le tableau du musée Cognacq-Jay pourrait être un second portrait de Suzanne-Marie-Françoise Vigée qui, participant aux soirées musicales organisées par Elisabeth Vigée-Lebrun ou ses amis, au cours desquelles elle se montrait très douée pour le chant et l'art dramatique, serait représentée dans les personnage d'une actrice et d'une musicienne (cf. Burollet, Thérèse, 2004, p.303).