Fauteuil à la reine

Les quinze dernières années du règne de Louis XV sont le théâtre d’un renouvellement des formes et du vocabulaire décoratif. Délaissant le style rocaille, certains menuisiers proposent des sièges d’un style nouveau, dit "de transition". Ainsi, cette paire de fauteuils à la reine conserve une structure caractéristique du style Louis XV avec son dossier plat et son siège circulaire. Pourtant, le dossier à cintre surbaissé est raidi. Il se prolonge jusqu’à l’assise avec un léger décrochement dans sa partie inférieure. Bien qu’encore en retrait, les accotoirs et consoles se rigidifient. La ligne supérieure de la ceinture abandonne la courbe pour une rigidité stricte, tandis que le mouvement de la ligne inférieure s’étire pour former deux arcs surbaissés qui se réunissent au centre en deux fines volutes encadrant un miroir. Si les pieds conservent une structure galbée, la façade cannelée s’épanouit en deux petites volutes aplaties à la partie supérieure pour soutenir un motif carré, appelé à devenir le dé de raccordement Louis XVI. A leur base, le motif de grecque surplombe une finition en sabot de biche. Bien qu’un peu maladroits dans le raidissement général des lignes, ces sièges proposent des solutions ultérieurement développées par Louis Delanois (1731-1792), Nicolas Heurtaut (1720-1771) ou Sulpice Brizard (1733-après 1796). Les dossiers sont garnis de tapisseries anciennes d’Aubusson, réalisées d’après des cartons de Jean-Baptiste Oudry (1686-1755). Elles illustrent deux Fables de La Fontaine : Le singe et le chat (MB398-2) et Le renard et la cigogne (MB398-1). Ces garnitures en plein ont remplacé celle d’origine à carreaux avant l’entrée des sièges au musée Carnavalet.