Victor Hugo à Guernesey

Alphonse Monchablon envoie au salon de 1880 un portrait de Victor qui figure au catalogue sous le numéro : « 2680 MONTCHABLON (X.-A.). H. C. Victor Hugo ». Ce portrait semble prendre le contre-pied du célèbre portrait de Léon Bonnat qui fut présenté au Salon l’année précédente et largement reproduit par la presse, la gravure et la photographie et qui constitue encore aujourd’hui une image emblématique du grand homme.En effet à la différence de portrait posée en atelier, assis, appuyé sur des livres et une table, Monchablon montre un Hugo « à Guernesey » dans un paysage rocheux de falaises tombant à pic sur la mer, sur un fond de nuées orageuses avec une trouée de ciel bleu, enveloppé d’un manteau que le vent agite. Dans les tourments de l’exil et l’espoir du retour, c’est le poète visionnaire, lyrique – le regard fixé vers la France – plus que le poète penseur de Bonnat. Le tableau de Monchablon a moins de succès que celui de Bonnat. Le peintre doit en solliciter l’achat auprès du directeur des Beaux-Arts (la toile sera envoyée au musée d’Épinal). Cependant le musée conserve quelques exemples de l’écho donné à ce portrait : une grande reproduction photographique 26,5 x 18,3 cm ; une petite reproduction photographique 11,5 x 8 cm : une phototypie éditée par Les Ateliers de reproductions artistiques ; trois coupures de presse dont deux sont des caricatures et surtout, quatre exemplaires d’une eau-forte éditée par Cadart (« Imp. Cadart ») dont cette efuille semble bien être le dessin préparatoire : la transposition au crayon est très proche de la comparaison de l'eau-forte et leurs dimensions sont aussi proches : 19 x 11,5 cm pour le crayon, 16,5 x 9,6 cm pour la gravure (vue).